Portrait d’hypnopraticienne – 5 questions à… Christine Berlemont sur l’utilisation de l’hypnose dans la pratique infirmière
Christine Berlemont – Infirmière ressource douleur au centre hospitalier de Meaux et formatrice à l’IFH
Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Infirmière de formation, j’ai exercé dans de nombreux services de soins (réanimation, urgences, soins intensifs en secteur adultes et pédiatriques). En parallèle, je me suis formée à la prise en charge de la douleur et ai peu à peu envisagé d’en faire ma spécialisation. Actuellement, je suis infirmière ressource douleur dans une unité d’évaluation et traitement de la douleur.
L’hypnose est arrivée dans mon parcours par « hasard », une collègue m’ayant demandé de l’accompagner à un weekend end de découverte de l’hypnose, me disant que c’était une technique pour moi ! Ma première réaction passée (quelle utilité ?), je l’ai accompagnée et d’emblée j’ai découvert une technique qui me correspondait.
Quels sont les avantages selon vous de l’hypnose dans une pratique infirmière ?
La pratique infirmière se décline sur 2 versants : l’un découlant de la prescription médicale et l’autre déterminé par notre rôle autonome. L’hypnose s’inscrit dans ce rôle autonome, faisant partie des pratiques psychocorporelles que l’infirmière peut utiliser (après avoir été formée naturellement). L’hypnose permet d’améliorer la relation à l’autre, la relation de soin ; que ce soit pour des soins techniques, relationnels ou éducatifs. L’hypnose permet à l’infirmière de pouvoir proposer, associer une technique à sa pratique quotidienne ; de prendre soin dans sa globalité de la personne soignée.
Quelle place prend la question de l’autohypnose dans vos consultations ?
En consultation infirmière « douleur chronique », l’autohypnose est systématiquement proposée comme un objectif. Sa place peut donc être définie comme centrale.
Je parle de l’autohypnose dès le premier entretien, expliquant au patient que nous travaillons pour son autonomie et avec ses ressources, la plupart sont rassurés par cet apprentissage, quelques-uns craignent de ne pas réussir à faire face seul (discussion alors autour d’un enregistrement).
Après la première séance d’hypnose, je propose au patient des exercices d’autohypnose à domicile.
Avez-vous un ou deux exemples concrets de ce que l’hypnose peut améliorer dans une pratique infirmière confrontée à la douleur chronique ?
Je suis actuellement une patiente qui présente des douleurs lombaires chroniques. Je lui ai proposé l’apprentissage de l’autohypnose à la fin de son suivi d’éducation au TENS (neurostimulation transcutanée).
Nous avons commencé avec comme objectifs : la visualisation et l’amélioration du problème douloureux. La patiente a visualisé sa douleur en 3 D et a installé « mentalement » ses électrodes de stimulation aux endroits nécessaires faisant ainsi diminuer sa douleur. Pendant la séance, la patiente m’explique qu’elle ressent la stimulation du TENS alors que celui-ci n’est en réalité pas installé.
Elle ne prend aucun traitement antalgique depuis que les 2 thérapeutiques ont été instaurées, le médicament étant alors le recours en cas de crise douloureuse aiguë.
Un autre exemple avec un adolescent qui se plaignait lors d’une séance d’une douleur d’un kyste poplité (pas encore opéré). Nous avons axé la séance sur cet endroit douloureux. Il a pu apaiser ses sensations par la « couleur » d’un nuage venant se poser aux endroits inconfortables. Plus aucune douleur n’était ressentie au retour de la séance avec un effet qui perdurait dans le temps. Les améliorations ne sont pas toujours aussi importantes, elles peuvent être minimes, l’essentiel est que le patient les perçoive car pour lui c’est un changement.
La pratique de l’hypnose a-t-elle modifié votre approche du patient ?
Oui. Dès le début de la formation, j’ai modifié peu à peu mon approche du patient ainsi que ma communication. Je me sens plus à l’aise, moins « désarmée » devant certains patients douloureux chroniques. Je ne regarde plus la douleur de la même manière, je ne l’analyse plus pareil. Je recherche plus chez le patient ses ressources.
Sur le plan de la communication, lors des entretiens infirmiers, l’hypnose conversationnelle me permet d’aider le patient dans les moments complexes en étant dans une relation à l’autre plus « taillée sur mesure ».
Le portrait chinois de l’hypnose par Christine Berlemont
Si l’hypnose était une œuvre d’art, quelle serait-elle ?
Une peinture de Dali
Si l’hypnose était un personnage, quel serait-il ?
La fée clochette avec les pouvoirs de merlin l’enchanteur
Si l’hypnose était un lieu, quel serait-il ?
Entre nulle part et ailleurs !
Si l’hypnose était un animal, quel serait-il ?
Notre ami Kaa
Si l’hypnose était un élément de la nature, quel serait-il ?
Un bel et immense arbre majestueux doté de cabanes, cachettes, fleurs et fruits…
Si l’hypnose était une musique, quelle serait-elle ?
Kashmir : Symphonic Led Zeppelin
Si l’hypnose était un souhait, quel serait-il ?
Un moment particulier pour soi et à offrir aux autres