A propos de Sylvie LE PELLETIER-BEAUFOND, Médecin – psychothérapeute et formatrice à L’IFH
Quelques mots sur votre parcours professionnel.
L’hypnose et vous : racontez-nous votre première rencontre.
Au cours d’une de ces formations centrées sur la communication que je suivais, un excellent formateur, présentant l’approche communicationnelle d’Erickson, nous avait invités, pour l’illustrer, à vivre une séance d’hypnose collective. Je me souviens encore de l’endroit où je me trouvais dans la salle, comment j’étais installée, ce que j’ai ressenti et perçu, je me souviens de la voix, de la présence du formateur, tout comme de ce qui s’est passé en moi.
Quelle place prend véritablement l’hypnose dans votre pratique professionnelle en tant que médecin et psychothérapeute ?
Je suis médecin de formation mais, vous l’avez compris, je n’exerce pas en tant que « médecin » depuis bientôt 30 ans. Mon activité de thérapeute (je préfère ce terme à celui officiel et reconnu de « psychothérapeute ») suppose en permanence cette posture et cette approche si spécifique qu’offre l’hypnose dès lors qu’on se l’est appropriée. De fait, la quasi totalité de mes rendez-vous consiste en un travail hypnotique, des « séances » d’hypnose plus ou moins formelles, et ce, dès le premier entretien.
En effet, les patients, pour la grande majorité, viennent en consultation à mon cabinet parce que je suis d’abord hypnothérapeute. Cependant, dans les entretiens familiaux ou de couple, ou dans quelques thérapies individuelles dites plus « classiques », mon travail est peut-être différent mais au fond, quelque chose de cette posture particulière, de notre langage et de notre présence est toujours hypnotique.Votre pratique s’articule-t-elle avec quelques principes fondamentaux, un modèle de pensée ?
Un modèle de pensée ? Non, sans doute pas.
Des principes fondamentaux ? Ceux qui me guident, et que je m’efforce de respecter au mieux, se rapportent essentiellement à la posture du thérapeute ; il sont empruntés à la pratique de trois figures dans le champ de la thérapie : Milton Erickson et son approche utilisationnelle, libre, sans modèle justement de pensée, tournée vers les ressources du ou des patients et ouvrant à une certaine créativité ; Mony Elkaïm et son concept de résonance dans le champ des thérapies systémiques, offrant une base selon moi nécessaire à l‘établissement d’hypothèses cliniques et s’appuyant sur notre vécu en séance; François Roustang, sa pensée originale, puissante, caractérisée par un principe de liberté et l’exigence d’une inventivité permanente qu’il nous invite à renouveler avec chaque patient : une autre façon de penser la thérapie, dans la continuité, il me semble, d’Erickson, mais d’une toute autre ampleur.La dernière fois que vous avez pratiqué l’hypnose.
Il y a quelques minutes ! L’hypnose est l’ « alphabet » de ma pratique.
Etes vous un cordonnier mal chaussé ? Ou l’auto hypnose fait-elle partie de vos paires de souliers ?
Je pense que, thérapeutes, lorsque nous accompagnons nos patients dans un travail hypnotique, nous sommes nous-même aussi en transe, précédant en cela nos patients ou conduits par leur présence. Ainsi, nous expérimentons en permanence cet environnement, ce climat hypnotique et nous en « bénéficions ».
L’auto hypnose est, pour moi, ce qui se produit spontanément lorsque, habitués à ce « passage », nous y faisons appel, consciemment ou non. Alors on pourrait dire que l’hypnose (ou auto-hypnose) est plus « qu’une paire de souliers », elle est la « semelle de tout ce qui me chausse », à moins qu’elle ne soit même à la base de mon propre corps, les pas qui me portent!Portrait chinois de l’hypnose…
Si l’hypnose était une ville ?
Paris
Si l’hypnose était un objet ?
Un livre ouvert
Si l’IFH était une citation ?
« La pensée s’accomplit quand elle se tait dans le silence de l’action » – François Roustang
Si l’hypnose était un rêve ?
Celui d’un monde où chacun se sente «confortablement installé à sa place».
Si l’hypnose était une couleur ?
Le Bleu
Si l’hypnose était un plat ?
Un Fésenjoun, un plat iranien, absolument délicieux, révélant au palais de nouvelles saveurs.